Souffrir la mélancolie pour ressusciter l’amour de soi-même, dans le souvenir de l’amour de l’autre !

Il est des formes de souffrances que l’on s’afflige pour des raisons bien plus subtiles que nous ne pouvons les appréhender lorsque nous les vivons. Par exemple, les regrets à outrances et la mélancolie que l’on peut entretenir à propos d’une relation sentimentale pourraient ressembler à la tentation de redonner vie à cette relation.

Lorsque vous vivez dans la mélancolie d’une histoire passée, vous vous gréez autant de souffrance que de réconfort à l’évocation du souvenir de l’autre.

A l’évocation du souvenir de l’autre ? S’agit-il vraiment du souvenir de l’autre ?

Vivez-vous vraiment dans le manque de l’autre ou seriez-vous en train de vivre dans le manque d’une partie de vous-même que vous avez abandonnez chez l’autre, une première fois, autrefois et que vous êtes en train d’abandonner une seconde fois, maintenant, en entretenant son souvenir ?

Lorsque vous évoquer le souvenir d’une relation à répétition, ressassant des scènes de vie passées, vous ne cherchez pas seulement à vous rappeler votre alter.

Je ne choisis pas le mot alter-égo par hasard puisqu’en réalité, lorsque vous ravivez le souvenir de l’autre, c’est dans l’espoir de renouveler l’expérience que vous avez faite de vous-même, à travers l’autre.

L’expérience que vous avez de vous-même avec l’autre, y compris tous ce que cette expérience qui s’est imprimer dans la mémoire de toutes les cellules de votre corps peut emporter comme souvenirs, sensations, émotions, goûts, saveurs, photographies et bien plus encore…

Le fait d’entretenir le souvenir de cet alter-égo me permet d’entretenir le souvenir de moi-même et de ressusciter ce moi amoureux, passionné et vivant.

Ce moi qui revendique son droit à vivre l’amour de l’autre sans jamais devoir s’en priver, quitte à se priver définitivement de lui-même. C’est ici le point de départ de ce que d’aucun appelle, l’abandon de soi à travers l’autre.

Mais l’entretien de la mélancolie ne permet pas seulement de revivre l’expérience de son soi amoureux avec l’autre, elle est également ce qui permet de raviver la douleur en vue de ressusciter cet amour et à travers lui, l’amour pour une partie de soi-même.

Si vous prenez le temps de vous mettre en lien avec ce que vous ressentez quand la mélancolie vient vous submerger, vous surprendrez certainement quelque chose en vous qui croit que le fait de souffrir l’absence de cet autre que soi, peut à la fois vous absoudre de toutes vos fautes passées et en même temps, redonner vie à cet amour déchu.

La mélancolie outrancière est alors comme une forme de purgatoire ou vous allez vous nettoyer de tous ce que vous pensez avoir fauté lorsque vous étiez en relation avec vous-même, dans les bras de cet autre que vous.

Un purgatoire qui a le pouvoir de vous absoudre de tous vos péchés et de ressusciter cet amour. Cet amour dont vous croyez souffrir l’absence dans le souvenir de celui ou celle que vous avez perdu(e) et qui n’est en fait que l’amour que vous n’avez pas pu offrir à une partie de vous-même parce que vous n’avez pas pu la reconnaître comme telle à ce moment-là.

Et c’est ici toute la dramaturge de la situation puisque c’est dans l’ignorance de « QUI » est réellement en jeux dans cette relation, que grandit le sentiment d’abandon. Même si ce n’est pas facile de le reconnaitre, la seule personne capable de vous abandonner, c’est vous-même.

L’autre n’a pas ce pouvoir et quoiqu’il ait fait, il ne vous a jamais abandonné et ne vous abandonnera jamais. Bien au contraire, en sortant de votre vie ou en vous laissant partir de la sienne, il vous a ouvert la porte qui vous permettra de retrouver cette partie de vous-même, qui s’est égarée dans les couloirs obscures de la pensée mélancolique.

Retrouver cette partie de vous-même et apprendre à l’aimer. Apprendre à vraiment l’aimer, c’est à dire apprendre à vous réaliser à travers elle et avec elle là où c’est le plus important pour elle et ce, afin de ne pas devenir dépendant de qui que ce soit d’autre que de vous-même.

Si vous ressentez l’abandon, c’est parce que vous vous êtes abandonnez dans le miroir de l’autre et surtout parce que vous continuez d’abandonner une partie de vous-même dans le souvenir de cet autre en nourrissant votre égo de mélancolie.

Et c’est ici que la souffrance atteint des sommets qui frôlent la jouissance.

Mais oui, j’ai bien écrit la jouissance. La jouissance dans la souffrance, cette autre stratégie égotique qui permet à votre moi amoureux de rester en lien avec le souvenir de cet autre que vous qui n’est autre qu’une partie de vous-même qui a appris à aimer à travers cette souffrance !

Si je souffre alors il est probable que je sois pardonné et si je suis pardonné alors il est possible que je sois à nouveau aimée.

Plus cette souffrance sera intense et plus l’amour sera passionné, n’est-ce pas ?

Observez ce qui se joue au plus profond de votre être.

Après avoir été amoureux du souvenir de vous-même dans les bras de votre alter-égo, vous pouvez prendre du plaisir dans la souffrance que vous entretenez lorsque vous évoquez ce souvenir.

Prendre du plaisir dans la souffrance, mais c’est du délire, n’est-ce pas !

Vous ressentez une forme de plaisir subtile à souffrir le manque de l’autre et même, vous vous attachez malgré vous à ce mal-être sucré parce sans que vous ne le soupçonniez, il réveille l »amour que vous éprouvez pour une partie de vous-même à travers le souvenir de l’amour de l’autre.

La souffrance devient alors un lieu de rendez-vous entre vous et une partie de vous-même qui se rencontrent pour une autre valse en prenant du plaisir à souffrir de ces souvenirs qui semblent rendre vie à ces amants d’un autre temps.

C’est ici que se referme le piège de la mélancolie et de l’égo qui survit à travers elle car c’est à force d’entretenir ces vestiges du passé que la souffrance prend la forme d’une blessure.

Une blessure tenace qui est comme une flamme qui vient bruler une partie de votre âme. Une blessure qui laisse une trace de poudre à canon dans toute la mémoire de votre corps.

C’est comme si votre cœur avait été marqué au fer rouge par le sceau du souvenir de cet amour et qu’à chaque instants, le feu de la passion qui se meurtri et de la désillusion qui s’en suit, pouvait le faire imploser.

C’est quand vous êtes sur la pointe du Vésuve et que votre sang est comme du magma en fusion que souvent, le miracle se produit.

Depuis ce point de vue, vous avez le choix entre lâcher prise ou brûlez dans les cendres encore chaudes d’un passé dévasté.

C’est alors que vous pouvez reconnaitre la souffrance qui s’exprime parfois dans la mélancolie pour ce qu’elle est véritablement :

Un messager qui vient déposer un petit mot à votre attention afin de vous révéler que cet autre que vous croyez encore aimer, n’est en vérité qu’un aspect de votre intériorité qui tente désespérément de se faire entendre par vous et exclusivement par vous, afin de ne plus jamais devoir dépendre de l’autre pour se sentir vivant et être aimé.

 

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